"Aujourd hui, au Gazhistan l’eau potable se raréfie, les animaux sauvages disparaissent, l'air devient irrespirable, les maladies nous rongent, les sols pollués ne nous nourrissent plus, on nous exproprie, il est temps de partir, mais vers où?
Comment photographier ce qui n’est pas encore arrivé ? tel est le redoutable problème que pose l'irruption sur la place publique de la question de l'exploitation du gaz et de l’huile de schiste sur les territoires ou nous vivons.
On peut choisir de documenter le mouvement citoyen d'opposition à cette nouvelle aventure industrielle et tirer le portrait de ceux qui participent aux manifestations et aux réunions publiques. Banderoles, cortèges, prises de parole tout cela est certes passionnant mais ne permet pas de rendre visibles les dangers qui nous menacent au cas où la France suivrait l'exemple des Etats-Unis et de ses 500 000 forages.
L’option qui a été choisie consiste à photographier des mises en scene qu’on peut qualifier de fictions au premier coup d'oeil, mais l’on sent bien que la réalité n'est pas loin derriere l'apparence. De ce point de vue, les déjà célèbres images du film Gasland de Josh Fox ou l’on voit l'eau s’enflammer à la sortie d’un robinet, balayent les doutes que l'on pourrait avoir sur l'intérêt de cette démarche : la réalité peut effectivement dépasser la fiction.
Ce travail photographique se situe dans cet entre-deux où tout devient possible."
Patrick Herman