« Drogue dure des producteurs méditerranéens », il y a trente ans déjà, Jean-Pierre Berlan* qualifiait ainsi le recours systématique à l’emploi de saisonniers étrangers dans la production de fruits et légumes du sud de la France. Logée de manière précaire voire indigne, sous-payée, surexploitée, exposée aux produits chimiques, cette main-d’œuvre, d’origine essentiellement maghrébine, est restée pendant des décennies à la merci de l’employeur, soumise à son bon vouloir pour le renouvellement d’un contrat passé à l’époque sous l’égide de l’OMI**. Dorénavant les saisonniers latino-américains remplacent les anciens ouvriers marocains et tunisiens mais leur état de servitude n’a pas changé : envoyés en France par des entreprises de travail temporaire (ETT) basées le plus souvent en Espagne, ils peuvent être mis à la porte du jour au lendemain s’ils ne sont pas assez productifs et dociles. La cage ne s’est pas ouverte.