La nuit, partout dans les grandes villes, des gens se déplacent, travaillent, s’ennuient, s’enivrent, font l’amour, participant chacun de leur côté à cette grande insomnie. La nuit brise les tabous et incite à sortir de ses gonds.
L’obscurité est trouée par les lumières artificielles. Je fixe sur la pellicule celles des néons et des lampes tamisées, la fumée de cigarette, le mouvement des corps ou leur immobilité devant l’objectif afin de prolonger des instants fugaces.
A l’affût de rencontres improbables, c'est le potentiel de chacun à être impudique et à habiter un cadre qui m'attire.
Le jour ces oiseaux de nuit se fondent dans la foule, ils y jouent un autre rôle, et semblent alors terriblement communs.
La nuit je m'attache à eux. J'imagine leur histoire, et le décalage entre ce qu'ils sont ce qu'ils ont envie d'exprimer me touche.
J’ai la sensation qu’ils me sont familiers, ils incarnent une image qui existait déjà en moi.
Mes photographies se construisent à partir de cet imaginaire en se nourrissant de leur personnalité et de leur capacité à exprimer mes obsessions.
L’appareil photographique est un outil pour inventer des situations étranges qui n’auraient pas existé autrement. Il crée une magie qui incite les gens à se livrer au sein d’un jeu de de pose. Ces images m’autorisent à garder une trace de mes errances et de raconter une certaine histoire des personnages qui les hante. Je capte dans la folie de la nuit ces rares moments d’abandon et de grâce.
série réalisée en 2008-2009 à Berlin, Bruxelles, Marseille, Stockholm, Buenos Aires...